J' ai aimé Barcelone pour ce balcon
de la Calle Ruiz de Padrón, pour le
de la Calle Ruiz de Padrón, pour le
Tibidabo à portée de main, empourpré
de lumières, j' ai aimé Barcelone pour
les stands de disquaires dans les couloirs
du métro,
Mais c' était surtout ce balcon,
ce balcon accroché à ses étoiles,
ce balcon accroché à ses étoiles,
comme un satellite !
Toi, intense beauté, furieuse
présence d' amour furieux,
tu étais toute la nuit, et la
nuit suivante aussi, et le
soir d' après encore. Tu
étais là, chamane, au loin,
auprès de moi, moi solitaire, sur
ce balcon de la Calle
Ruiz de Padrón, à Barcelone.
J' aimais Barcelone, j' aimais
les taxis jaunes et noirs
à la sortie de la Estacion de Francia,
j' aimais le Corte Inglés et la
Plaza Real, j' aimais les bars,
les paquets de Celtas et entendre
les filles rire et parler Espagnol
dans la rue, j' aimais les chicles,
les cinémas de quartier et
les altramuzes, mais par-dessus tout,
au sortir du métro, j' aimais traverser
les six voies de la Méridiana,
remonter à pied la Calle Navas de Tolosa,
avec ses vitrines, ses voitures et
ses passants (et puis le jardin public,
tout en haut, Plaza Maragall),
puis tourner à gauche, et
remonter la rue jusqu' au
numéro 90, et ce balcon du quatrième
étage, le balcon de Barcelone.
Celle qui nous accueillait
là-bas, chaque été, est morte,
l' appartement est vendu,
j' ai 63 ans, 11 petits-enfants,
la Calle Ruiz de Padrón
s' appelle désormais Carrer
Ruiz de Padrón, mais que ne
donnerais-je pas pour te
rejoindre, pour une heure
ou un soir, là-haut, toi, mon
étrangère, ma Française de
Barcelone.
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