samedi 17 décembre 2022

Là où je suis.

Viens me chercher 
là où la nuit s' écaille
et se fracasse
où les lichens
s' enivrent du
parfum des
rivages morts

dans le rayonnement
absurde d' un soleil
qui ne s' impatiente
jamais

viens me chercher,
tu me consoleras
de cette peine qui 
me brûle jour et 
nuit, cette peine
qui n'a pas de nom
mais un simple et
insaisissable reflet 
dans l' œil d' un 
autre reflet

Et si tu ne me 
trouves pas là, plonge 
plus profond, plonge 
vers l' endroit où le  
temps a trouvé sa place,
- dans le vertige -
au fond , au fond 
du magnétisme,
là où le loup a 
laissé sa trace.

Tu pourras ainsi
me chercher pour
toujours, car je ne
ne suis nulle part
où tu puisses me
trouver. 

dimanche 4 décembre 2022

Fanfare et fracas.

Quelle fanfare soudaine
qui tinte et secoue
nos âmes en fer blanc !
Nous nous comportions 
comme  se comporte un 
écrivain fatigué, assoupi
sur le divan nauséabond 
du quotidien. Le fracas nous 
a fait bondir sur nos pieds. 
Il était temps, nous 
pensions être morts.

Quelle fanfare soudaine
qui tinte et secoue
nos âmes en fer blanc !
J' aime le Rock n' Roll et
les villes endormies sous 
la pluie, j' aime les 
icônes pnakotiques 
aux paupières de cuir noir
qui mordent dans le
dictionnaire de la 
réalité avec leurs pistils 
de sorcière. J' aime la
faconde des enragés,
et l' impossible oubli
des exilés. J' aime le
désordre du vent
dans mes cheveux.
Le fracas m' a réveillé.
Je ne savais plus vivre
debout. Je me suis levé. 
 

Le moment le plus dangereux.

Le désespoir est sournois, il chante 
et se soumet aux ordres. 

L' ordre, depuis longtemps, sait 
où le trouver et comment le flatter. 
L' ordre, depuis longtemps, sait
comment l' utiliser, le propager. 

Malheureusement la multitude s' est 
hissée à cheval sur le désespoir, 
et l' ombre de l' apocalypse s' est 
dessinée sur les carreaux de la cuisine. 

Le moment est dangereux, c' est 
le moment le plus dangereux de tous, 
celui où la multitude pose un même 
masque sur tous ses visages, celui
où l' ordre perd le contrôle du
                                                désespoir.

samedi 3 décembre 2022

Le rivage au ciel.

Quand le citadin lève les yeux,
il voit la mer.
Elle s' était échappée de son rêve,
il la retrouve à gronder entre deux
gratte-ciels.

Il parcourt la grève, nez en l' air,
il arpente  les rivages et les murs. 
Il a la mer au-dessus de lui, le ciel 
roule à n' en plus finir dans les vagues
nues.

lundi 28 novembre 2022

lundi 21 novembre 2022

Petite balade de la mort.


La mort se balade, la mort
se promène dans les champs,
une brin d' herbe entre les dents. 

La mort parcourt lentement
les boulevards, en sifflotant 
un air d' opéra entre ses dents.

La mort monte dans un train,
sait-on où elle se rend ,
une rose entre les dents ?

Elle arrive, elle arrive chez moi !!
Elle entre par la porte du jardin, 
avec une longue épine d' argent
entre les dents !

samedi 19 novembre 2022

L' Arbre.

Avez-vous vu l' arbre ? Avez-vous vu sa coiffe ?
C' est le Roi du vent, c' est le Voyageur qui vous
regarde manger vos fauteuils. Il est aussi grand
que le vent, aussi rapide.

Avez-vous écouté l' arbre dans sa mélodie ? 
Il a la bouche parfumée de ciel, des notes 
s' envolent de ses feuilles - ce sont les violons 
de l' humain. Écoutez, écoutez l' arbre, 
il vous sourie si vous l' approchez avec 
un piano dans l' oreille.

Avez-vous vu l' arbre ? Avez-vous vu sa coiffe ?
C' est le Roi du vent, c' est le Voyageur qui vous
accompagne sur le chemin.

Moi, je suis un caillou, une pierre au bord du chemin. 
J' explore l' écho du brin d' herbe. J' en vois passer
des gens malheureux, vissés dans leur propre ombre 
qui 
se dérobe sans cesse. Moi, je suis la robe du temps, celle 
qui habille les arbres et les bêtes, sans souffler mot.

C' est lui, le Roi du vent, qui souffle les mots
et la musique sur les humains. C' est lui,
le Roi du vent, il souffle le chemin sur nous.

Le Mirage.



Moi, je suis un mirage, une vapeur
qui se dissout au contact de ta main.
Je me dissous à nouveau quand tes yeux
commencent à briller, ma Reine.
Et je deviens encore autre chose,
un mouvement que je ne connais pas.

Et puis, là, au bout d' un long moment,
au moment où tu défais ta robe,
là je deviens vraiment moi,
pour un temps.

Puis, je redeviens mirage, vapeur,
faux-semblant, erreur dans le reflet.
Comme un cauchemar sans toi,
un cauchemar de brume et d' impasse,
les jambes ne portent pas de mirage.

Je me dirige sans direction, vers le fleuve.
Je croise les autres machines électriques. 
Marcher, bouger, parler, je prends la 
mesure des autres alliages. Des
micro-circuits s' adressent à moi,
et je ne comprends pas ce qu' ils veulent,
je suis vaporisé dans un espace sans toi,
je divague, je perds la breloque et
mange ma boussole.

Je ne suis rien d' autre que ça sans toi, 
un mirage, une vapeur, un cristal sans forme.

La Lumière.



La lumière entre dans cette demeure,
la lumière entre dans cette maison.
Elle arrive par les fenêtres, elle arrive 
par les coeurs.
Les enfants sont là, et ils sourient.
Il y a des jeux de lumière plein le sol,
il y a des ombres dans le jardin
mais elles sont noyées de cette 
belle clarté d' été, celle qui fait 
battre le pouls de l' amour.

La lumière est là, qui ne demande rien,
la lumière est entrée dans cette demeure.


dimanche 13 novembre 2022

Un parapluie sur la langue.

La pluie au bout des doigts,
un parapluie sur la langue
pour ne plus sentir
le goût écrémé de ce temps
qui aurait dû être nôtre mais
qui a été raflé par l' attente
désabusée d' un meilleur.
Il ne nous reste rien de la nuit.

Le monde au bord des lèvres
et autrui au bord du coeur, penché
au bord du précipice, avec des
souliers troués et une étoile noire
dans le plexus, solitaire est
le temps de ce qui aurait pu
être et qui a sombré du côté
de l' impossible.

samedi 29 octobre 2022

Le poids d' une phrase.

Quelques grammes pour une phrase
quelques centaines de grammes peut-être
ou une tonne d' étoiles ou une agrafe d' étoile                                                                      filante
enfin quelque chose qu' on ne connaît pas
un poids une façon étrange d' être un ange
enfin, une phrase quoi, quelque chose qui
te donne à boire et à manger ou alors qui
t' affame quelque chose qui te passe par la tête
et ressort par tes doigts après avoir ravi ton âme
l' avoir volée comme on vole un oiseau dans sa                                                             cage dorée

vendredi 21 octobre 2022

Deuxième assemblée.

L' avocate,  les self made men et les policemen,
les cardiologues, l'autiste et l' emmerdeur,
les histrions, les menteurs et les kamikazes,
les entraîneuses, les ménagères et la lavandière,
Marylin Monroe, Higelin et Jack Nicholson,
Francisco Ascaso, Geronimo et Jodorowski

Les psychanalystes, le casque bleu et les bikers,
le bossu, la caissière et les dompteurs,
la musicienne, la nurse et les cow-boys,
le dictateur, les industriels et les militaires,
Buster Keaton, Pavlov et Diane Keaton,
Ray Bradbury, Cantinflas et Neruda

Les trolls, les pompiers et l' étudiante,
le sans-papiers, les consultants et le résistant,
le prédateur, les députés et la milicienne, 
l' égérie, la maîtresse d' école et les moribonds,
Steve Mc Queen, Jerry Lewis et mon Père,
Le capitaine Nemo, Joe Strummer et Zorro

Le schpountz, les touristes et l' homme de paille, 
les investisseurs, le clown et l' ingénue,
l' historien, la postière et la bourgeoise,
la plongeuse, le télepathe et la championne,
Jack London, HG Wells et Greta Thunberg,
Rosa Luxembourg, Zapata et Faye Dunaway.

Dieu, la fin du monde, toi et moi.

mardi 11 octobre 2022

Assemblée.

Le fantôme, la sorcière et les fées.
Le mercenaire, l' alchimiste et les voyeurs.
La mendiante, le prince et la voyante.
Le chevalier, les fous, les voleurs et le roi. 
Surcouf, Garcia Lorca et Auguste Dupin.
La reine Margot, Suzi Quatro et Che Guevara.

Le meurtrier, la politicienne et les grévistes.
Les spadassins, les comédiennes et la mort. 
La prostituée, le bouffon et le soldat.
L' orateur, les danseuses et les médecins.
Milena Jesenska, Makhno et Isadora Duncan.
Axel Bauer, Noddy Holder et Winston Smith.

Le sans domicile fixe, le banquier et l' exilé.
Le flic, l' espion, le juge et les amazones.
Les monstres, le métallurgiste et les robots.
La cinéaste, les rebelles et l' écrivain.
Durruti, Ernest Everhard et Miguel Rios.
Batman, Shakespeare et Woody Allen.

La chanteuse, les anarchistes et l' handicapé.
Les infirmières, la mariée et l' adolescent.
Le clown, le marin d' eau douce et l' athlète.
Les sans-soucis, les assassins et les imbéciles.
Lagardère, Charlie Chaplin et Victor Hugo.
Kurt Weill, Carola Rackete et Louise Michel

L' apocalypse, Christian Bobin, toi et moi.

dimanche 2 octobre 2022

J' écris pour ne pas être maudit.


J' écris pour ne pas parler,
j' écris des pages entières 
de silence. Un peu de musique, 
un piano peut-être, mais 
pas plus. Le silence de 
l' écriture est une parole
sans bruit, une retrouvaille, 
un fruit dans la soif. 

J' écris, je veux noircir ma page 
d' océan, et que cette 
noirceur reste à jamais secrète.
J' écris pour devenir de l' eau,
pour rester seul, pour m' enfoncer 
dans la solitude avec les poumons 
emplis de souffre et de lumière.

Au Diable cierges, églises 
et cercles philosophiques ! j' écris 
pour prier seul, sur une ardoise 
ou l' aile bleutée d' une libellule,
j' écris pour rester élégant 
malgré la danse des fous, 
j' écris pour ne pas être maudit.


samedi 1 octobre 2022

Le mathématicien et la couleur.

Les mathématiciens ont inventé
les couleurs froides, pour en recouvrir
la coupe de leur foie et de leurs muscles.
Les fous ! Une pomme, un tournesol suffisent
à rétablir les vraies couleurs, la blessure 
à la tempe d' un enfant suffit à la ternir,
mais ne la rend pas froide. 

Certaines pluies du mois de Juin, la 
lumière boursouflée, à l' Ouest, qui 
soulève et éventre les nuages , le
banquet des fleurs, commencé et
jamais terminé, c' est la seule
arithmétique qui soit à l'oeuvre 
                     dans le sang. 

Le sang. Les mathématiciens vivent 
avec les morts, ils n' ont pas compris 
que ce qui court et tremble dans 
l' homme est une couleur. 

dimanche 25 septembre 2022

Les mains.

La main que j' ai tendue est un étau
que s' agit-il de prendre ou de tenir si fort

La main que j' ai tendue est une main nue,
une main pauvre

La main que j' ai tendue est un outil de précision
quelle est cette vérité que je veux mettre au jour

La main que j' ai tendue est une main tendre,
une main brûlée, puis pansée

Quelles sont ces mains mendiantes, terrifiées,
qui tentent d' arracher un peu de nourriture
à la terre 

Quelles sont ces mains, ces millions de mains
qui se dressent dans l' ombre 

et quelles sont ces mains de fer, glabres comme
des épées, qui tranchent les mains tendues
des désespérés

jeudi 22 septembre 2022

Hâte-toi.

Hâte-toi vers l' Espagne, mon ami! 
Tu verras là-bas les fleurs 
- car tu ne les vois plus ici - 
tu verras là-bas les rues 
- ici, tu les arpentes sans les voir - 
et tu verras les visages 
- qui, ici, défilent en ne faisant
qu' effleurer tes rétines.
Tu verras les lèvres des femmes,
tu verras la mer jeter des ancres
vers le ciel, tu verras les fantômes
aux chapeaux noirs brûler sur 
les places, tu verras ton amour 
s' époumoner sur des verres de cristal.
Hâte-toi, mon ami, hâte-toi vers l' Espagne, 
pour recouvrer la vue, pour voir là-bas
ce que tu ne vois plus ici !

dimanche 11 septembre 2022

La Révolution.

Il y a déjà deux ans
que la ville est bouclée.
A l' extérieur, la police, 
l' armée et la milice.
Et puis les drones de
la police, ceux de
l' armée et ceux de
la milice. Du lourd, 
du sérieux,  du méchant.
Deux ans déjà. La Ville
est bouclée.  A l' intérieur, 
les quartiers se battent 
les uns contre les autres.
La Lune est puissante
comme une mâchoire , 
les clowns meurent sur 
des toboggans électriques.

La Lune est un coupe-
gorge qui pleure,
les aveugles découpent 
de la viande à grands coups
de ciseaux en carbone.
Moi je passe mon temps
à écrire des histoires
                     tristes. 
J' ai installé mon
ordinateur dans la cuisine
et je ne m' occupe pas 
de ce qu' il se passe 
dans la rue, les attentats,
les meurtres, la bagarre, 
les incendies, les flammes,
les cris, la guerre entre
quartiers. J' écris, j' écris 
                         encore.

Les bannières des
Fanfares de Cuivre
et d' Argent flottent
à l' Est de la cité, dans 
le quartier de Jozgorod.
Au Sud, les Légionnaires
du Circus Fantôme 
tiennent le haut du pavé. 

Moi, j' écris des histoires
tristes. Je ne m' occupe
pas du reste.

Le quartier de Tintold,
à l' Ouest de la ville, est 
sous la coupe des Majorettes 
Guerrières de Céramique.
Mon quartier, connu
sous le nom de Quartier
du Taxodrome, est, lui,
contrôlé par les 
Mousquetaires
Polyclonés.

J' écris des histoires tristes.
Mes efforts n' ont qu' un
seul but : parvenir à tirer
de mes lecteurs les
plus endurcis, la larme 
sombre, celle qui
scintille au noir du sang
et des masques.

Demain, la police,
l' armée et la milice,
et puis les drones de
la police, les drones de 
l' armée, les drones de
la milice vont donner
l' assaut. Pour une 
fois je jette un coup
d' oeil dans la rue,
tout en bas. Le
fracas est incroyable. 
Et je vois des files
interminables de
guerriers qui montent
aux remparts de la Ville :
Mousquetaires
Polyclonés,
Légionnaires du
Circus Fantôme, 
Majorettes Guerrières
de Céramique et 
Fanfares de Cuivre
et d' Argent, unis.

Alors, je jette mon
ordinateur au sol,
je suis fatigué des
histoires tristes.
C' est la Révolution
que je vais raconter.
En direct.


vendredi 2 septembre 2022

Oú vont les anges ?

Ces vagabonds, avec l' étoffe
des fleurs sur leurs épaules.           
Ils suivent des yeux les anges 
qui passent et qui meurent.
Ces fous, sans malice, qui
chantent derrière l' eau. 
Ils dessinent leurs paupières 
sur les cubes et chavirent 
en riant sous les tables.

Ces quelques heures
passées dans les rouages,
les nuages posés sur des 
chaises rompues, le ciel 
médical au-dessus des 
usines automobiles.
Les enfants ont des bras
immenses pour accueillir 
l' immensité.

Dans les églises, les bénis 
du seigneur, la bedaine
en avant, ont compris 
avant tous les autres que 
rien ne compte.
Mais il y a ces quelques
chiens errants qui se faufilent 
entre leurs jambes. De
petits roquets meurtris
et malveillants.

Les anges meurent quand
ils entrent dans les églises. 
Et avant de mourir ils
vomissent des os de colombe.
Dehors, nous irons dehors,
saisir au collet les fuyards,
nous leur laverons le visage
avec la mer, puis nous les
jetterons du haut des falaises
dans le tumulte de la cire.

mardi 30 août 2022

Ma joie jolie.

Ma joie jolie, fais-moi un enfant,
fais-le moi quand t' auras le temps
quand nous serons jeunes, ma jolie joie,
dans une autre vie, ma joie jolie.

lundi 15 août 2022

La Terre à l' équipage.

La Terre à l' équipage,
le reste à l' abordage.

La Révolution est finie,
et nous ne l' avons pas vue passer.

Sorcière noire USA,
sorcière noire Coca-Cola.

Il va pleuvoir demain,
la Terre brûle comme de la charmille.

La Terre à l' équipage, 
nous ne sommes que de passage.
Le reste à l' abordage.

Quel jour hululerons-nous ?
Quelle heure est-il quand il est trop tard ?

Quelle chanson aurais-je envie d' écouter
le jour de la fin du monde ?

Qu' aurait pensé Charles Chaplin de Twitter ?
M. Macron porte-t-des tatouages secrets ?

La Terre à l' équipage.
Tout le reste à l' abordage.

mardi 9 août 2022

Le pont des soupirs.

Paysage sombre
sur le pont des soupirs. 

Les monstres se glissent
à l' entre-rue, sur leurs
jambes géantes, avec
des chevelures de
couteaux tressés.

J' ai perdu mes yeux
en lisant des textes
de Karl Marx.

Mais, avec le brouillard,
je n' aurais de toutes façons,
rien vu du massacre.

Poisson, petit poisson
des haches, prends 
l' issue de secours, nage,
nage vers la sortie, à
toute vitesse !

Les nuages bas s' effilochent
en bas de soie, le front
et les drapeaux dans la boue.

Tout cela est un cauchemar
en noir et blanc, une histoire 
de fou malheureux, de clown
révolté par sa propre destinée.

La faim.

Est-ce cela la nourriture ?
Cette vie trop grasse avec le
monde au bord des lèvres,
cette faim mortelle
devant des assiettes 
pleines ? Est-ce cela ?

On nous a dit que tant que 
nos assiettes étaient pleines, 
nous ne pouvions savoir
ce qu' était la faim ! 
C' est faux ! Nos assiettes
sont pleines mais
dramatiquement vides.

Mon Dieu, le pire de tout ça
est que nous savons même 
plus ce qu' est la faim, ni ce que 
c' est que de se nourrir !!

lundi 8 août 2022

Rire avec ta nuit.

Rire avec ta nuit,
rire avec ton rire,
user de l' encre spéciale
de nos jours
pour découvrir la 
fleur de ta soif,
frémir comme a frémi
le ciel de la création
parce que l' essence rare
               de ton rire
 a fusé dans le premier
                rayon
 dans le premier souvenir.

mardi 19 juillet 2022

Douter des fleurs.

Les fleurs s' épanouissent
dans un espace clos, 
des banderoles mystiques 
tendues sous leurs jupes.

Sans les fers et satins,
sans l' huile rouge, sans 
l'escargot emmuré dans
le matin, sans le papier 
froissé qui brûle la main du 
chauffeur, le promeneur
solitaire ne serait pas arrivé
jusque là.

Il regarde les fleurs fouiller
la terre comme des machines 
de coton et de riz.
Elles courbent leur  parfum 
jusqu' au sol. 
Il se demande à quoi 
elles servent. C' est la
première fois qu' il
doute des fleurs.


vendredi 8 juillet 2022

Mon coeur.

Quelquefois, mon coeur
s' en va. Il me lâche, et
se met à divaguer, 
sans but, sans volonté. 
L' autre jour, je l' ai retrouvé
entre les pieds de tomates,
dans le jardin. Je ne sais
ce qu' il y faisait. Rien
peut-être. Ou alors
quelque chose que je
ne peux comprendre. 
Une nuit, c' est dans le
grenier qu' il s' est rendu. 
Je l' ai entendu cogner,
cogner si fort que les
pendules dans le salon
se sont pétrifiées. Il est
redescendu au bout
d' un moment, en riant.
Il avait trouvé le vieux 
ballon qui avait enchanté 
mes après-midi d' enfant 
de cinq ans. Peut-être, 
ce soir, ira-t-il plus bas 
dans la ville, vers le canal, 
pêcher les poissons 
d' argent de la Lune de 
Juin, pour les brandir à
la face du Soleil, demain.
Un jour ... un jour peut-être, 
il sera vieux et n' aura 
plus la force ni d' être 
curieux ni de sortir. 
Ni de s' émerveiller.
Il restera alors sagement
en place. A sa place.
Mon coeur aura perdu
son âme battante.


mercredi 29 juin 2022

Malentendu.

Je me présente : Malentendu. 
Je suis musicien, j' écris et 
je joue des chansons. Je
les diffuse sur les plateformes
musicales, sur la toile.
Mais cela semble n' intéresser
personne. Peut-être mes
chansons sont-elles mauvaises
- je ne sais pas, moi elles me
plaisent autant que celles
des Rolling Zeppelin ou celles
des Black Beatles. Mais enfin,
c' est le public qui juge. Moi,
je n' ai pas de public, c' est 
pour ça que j' ai pris ce nom-la,
un drôle de nom pour un
musicien, convenez-en :
Malentendu.

mardi 28 juin 2022

Douloureuse.

La poésie au cran d' arrêt,
dans un coeur de ventriloque.
J' aboye des bibliothèques 
entières, époussetant les 
mots un par un pour en faire
du sang de poussière et
d' antibiotique. J' ai un oeil
malfaçon, j' ai mal à ma façon,
mes yeux me font mal quand
je lis. Et ma langue me pique
quand j' avale des paysages,
tout crus. La poésie, je la 
connais, met les illusions des 
exilés en musique, croche, 
croche, double croche,
allegro, presto ailleurs, pas ici.
J' ai mal à mes mots, j' ai 
mal à ce qui me sert de poésie.

jeudi 16 juin 2022

La chair pendant le crépuscule.

Je suis chair et roc
brut je donne de la
voix quand mes larmes
n' ont plus de Ciel
dans leurs lacrymales
Je me Terre car elle
                   Vénus
Elle le sel et je
comète son corps
quand sa Jupiter
est à terre
je m' encarte du ciel
parce que ses yeux et
ses mots m' enterrent m' étoilent
Je pleure la Lune j' évite
le système des compas
et des fleurs fraîches
Je n' ai pas de loi
je n' ai pas de moi
je rêve à mon existence comme
d' autres s' abandonnent
à leurs cauchemars pour
donner du sens
donner le change
Emerveillé par Dieu
et par le Diable
je persiste à discourir
comme un sot
et je ne sais pas 
plus de mon silence
que de la musique
ou de la mort
Le premier jour de
l' innocence me terrifie.


mercredi 25 mai 2022

L' École.

Sur le petit tableau,
des mains d' enfant ont
écrit : " L' école fait mal".
Aujourd' hui, tous les
enfants sont absents.
Une épidémie d' anti-cahier
les a cloué au lit. 
Le bus scolaire
déchante, il y a de la
neige et du froid dans
la voix du maître, sur 
l' estrade, devant une 
salle de classe vide. 
Quel malheur pour
"Soir de bataille", de
José Maria de Heredia,
qui devait constituer 
la dictée du jour ! 
Quel dommage pour
la table de neuf ! Et pour
la leçon de géographie. 
Mais les enfants sont malades.
L'épidémie d' anti-cahier
est quelque chose de grave.
Et qui risque de durer.

lundi 23 mai 2022

Black Luminol.

Donne-moi du Black Luminol,
pour tes larmes, ma belle.
Donne-moi du Black Luminol
pour tes armes. 

Donne-moi ce que tu veux,
donne-moi ce qu' il me faut, ma belle.
Quel que soit l' endroit,
donne-moi du Black Luminol,
que je puisse t'imaginer,
quelle que soit l' heure,
donne-moi du Black Luminol,
que je puisse te retrouver.

Donne-moi, donne-moi 
du Black Luminol
pour la foule qui t' entoure,
pour les trains, les rames de
métro, les quais bondés.
Donne-m'en, sans lui
je ne pourrais te retrouver 
dans l' obscurité.

vendredi 20 mai 2022

Perdus.

Nous sommes perdus comme des
chaussures de géant en pleine mer.
Nous sommes perdus. Nous avons 
les mains sur le volant et le cul 
sur la banquette arrière. 

Nous naviguons en croyant conduire,
et conduisons en pensant voler.
Nous rêvons et nos songes sont des
blessures sur le côté. Quand nous
tentons d' escalader la montagne de
la vérité, en réalité nous dévalons la
pente de la fatalité. Quand nous sautons 
à cloche pied, c' est en croyant faire 
des bonds d' antilope.

Nous aspirons à ouvrir les yeux 
au moment même où le bâillement 
nous monte à la bouche.
Nous sommes perdus et ne savons 
dans quel pays. Peut-être est-ce la mer.
Peut-être est-ce plus loin, là où 
la mer s' arrête et ou les choses 
basculent derrière le rideau.



jeudi 12 mai 2022

Les roses de Mai.


Les roses en Mai,
sable noir et 
aiguilles sur les 
paumes de la déesse 
             solitude.
Les roses en Mai,
toutes entières
ivres de soleil,
comme des soldats
en armure rouge,
comme des soldats
qui boivent.
Les roses de Mai.

dimanche 8 mai 2022

Rock n' Roll.

Laissons aller nos larmes et nos guitares
parce que nos corps ont fait le voeu
d' être sonores jusqu' à la fin des temps.
Sur la scène j' ai trouvé des centaines de
crachats de nickel et de cadmium noir
et des plumes de phénix rouge et
des coiffes de sel j' ai trouvé des ramages 
sans couleur et des poudroiements de larmes 
et des chiens errants qui coagulent à côté 
de la fourrure des ours et des  cendres 
offertes au banquet des inhumains. 
Tout cela, sur la scène, tout cela
mélangé au hurlement du rock n' roll 
et au sang des insectes froids.

mercredi 4 mai 2022

Jeune jaune violet volé et mésange.


Jeune jaune orange 
étrange ange qui dérange
bleu quand il pleut
rouge rouge rien ne bouge

Violet volé mésange 
étrange ange qui mange
petit vert après petit vert
marron marron 
chaméléon tout rond

Jeune jaune bel orage
étrange ange par les étages
rouge rouge dans les bouges
bleu sans ta nuit ta bouche

dimanche 1 mai 2022

Vider les tiroirs

Et s' il avait levé les yeux de la
page pleine de fourmis éteintes,
le poète aurait vu le ciel embrasé
par les morsures et la carapace 
haletante des fontaines de pacotille. 

S' il avait levé les yeux sur les
câbles rompus ! Sur le fiel
dominical des papillons ! Mais 
cela n' aurait servi de rien.
Car la vérité est là, suspendue
au plafond comme un
sarcophage empli d' encriers
et de tabac froid. Et il ne sait la voir. 

Moi, j' aurais pu dire au Poète :
remballe tes tiroirs et vide tes
oreilles ! Pour toujours !
Peux-tu décrire à un
aveugle ce qu' est un couteau
qui hésite ?
Peux-tu enduire la Lune de
tes bons sentiments, jusqu' à
la faire mourir de tristesse ?

Rien ne changera. L' aube 
viendra escamoter en secret
les médailles sur la poitrine 
des caïmans, tu me donneras
une main que les funérailles 
de la mer et la dentition 
des immeubles auront presque
dévoré et rien ne changera 
- car rien, mon amour, rien 
ne peut changer.

vendredi 29 avril 2022

Encore.

Ça glisse ça s' enlise
l' avalanche est fatale
comment freiner sur
le dos comment contourner
le couloir qui débouche
sur la difformité absolue 
comment comment manger
encore de ce qui nous nourrissait
des pieds à la tête comment
dévorer les portions congrues
de nos vies quand un pâle
soleil glisse sur le très bas
en se jouant de nos illusions
Ne bouge pas - crie !

mercredi 20 avril 2022

Paradoxe.

Oh, bien sûr, le paradoxe ... !!
Et nos coeurs qui vacillent sur l' étal
des rêves perdus. Oh, bien sûr, il manque
quelque chose à notre entrain
d' hier, un soupçon de toi, mine
de rien. Je t' attends, je me heurte
et je me perds dans la ville qui tisse 
des entrées là où il n'y a pas de sorties. 
Tu chantes comme on meurt
ailleurs, sur les terres de l' horizon,
tu chantes une chanson qui n' a pas
de paroles. Le grain semé s' en ira, 
en volant vers des cieux bleus 
comme la mort, raides comme 
des aiguilles de lave
qu' on dissémine dans les corps.
La rédemption a perdu son ange.
De quelle matière plastique sont
faits nos désirs, et nos coeurs
suffiront-ils à recomposer le 
territoire sous la ligne basse
de nos regards.

dimanche 17 avril 2022

Longue route.

Allons-nous pointer ou tirer
allons-nous on y va mais
sans savoir sur quel macadam
de stupeur sur quelle longue
route blanche salie tarée
défoncée les traces de nos
chaussures de va nu-pieds
les traces de nos yeux
mouillés par le phosphore
et la poudre avançons avançons
encore jusqu’à arracher l' aube
à nos doigts couleur de nuit
Nous avons ce qu’il faut
pour la route et de l’âme
un besoin immense regardons-nous
au miroir de notre langue de
désespoir la colère est un
sentiment qui fait défaut
dans la basse cour.

mercredi 13 avril 2022

Soulagement.

Pendant tant d' années j' ai pensé
"Quelle peine de n' être 
ni de là-bas, ni vraiment d' ici !",
Et voilà que ce soir 
je n' y crois plus.

"J' ai peur d' exposer mon coeur
aux feux qui brûlent sur mes 
lèvres." disais-je, et le nom 
d' un pays me montait au coeur 
tandis que celui d'un autre me 
venait aux lèvres. 
Mais, ce soir, non, rien. 

Quelle peine, quelle peine de
ne plus ressentir cette chose,
cette douleur magnifique qui
était mienne !! 
Je n' en ressens aucun soulagement.

 

dimanche 10 avril 2022

Quelle est la porte.

A l' hôtel du Sans-Souci, j' ai ouvert
la porte de la chambre 102. Une 
vieille dame était là qui me souriait, 
dans son fauteuil, enrobée de miel 
et d' absinthe.

Derrière la porte de la chambre 78,
au second étage de l' hôtel Grandin,
j' ai trouvé une bibliothèque de 599
volumes, mais d'un seul ouvrage :
"Térébenthine et perplexités révolues",
de Benjamin Dumollet.

Mais quand j' ai ouvert le frigo de 
la pension de Mme Blanchard il
n' y avait pas de lait. Et pas de 
cornichons pour mon sandwich
au jambon.

J' ai été surpris en poussant la porte 
de la chambre n° 2 de l' hôtel des Lilas : 
il y avait là un dragon en convalescence
et des dizaines de rouge-gorges.
Mais aussi un canari et une chouette. 

Au grand hôtel Thermidor et Saxe,
je me suis glissé dans la chambre 2204.
S'y tenait une réunion de hauts gradés 
de l' armée de terre qui conspiraient  
pour se reconvertir en monte-en-l' air.

Mais quand j' ai ouvert le frigo de 
la pension de Mme Blanchard il n' y avait 
plus de beurre. Pas de confiture 
non plus pour ma tartine. Et il 
était presque quatre heures...

lundi 4 avril 2022

Le motard fantôme.

Aïe aïe aïe, le motard fantôme tourne
dans les rues de la vieille ville,
personne ne parvient à fermer l' œil !
On est le 10 Août, la chaleur
dans la journée a été accablante. 
Les gens ont laissé leurs fenêtres ouvertes
pour tenter de récupérer un peu de la
fraîcheur de la nuit - mais le motard,
le motard fantôme tourne dans la vieille ville
et sa Triumph 650 fait un bruit d' enfer !
Personne n' arrive à dormir. 

Mais soudain la Triumph pétarade 
plus fort, à hauteur de la Rue des
Croix Sombres. Et puis plus rien ...
Ça y est, le motard fantôme est devenu
un vrai fantôme ... Quelqu' un, qui
avait très envie de dormir, de se
reposer enfin, a décidé d' en finir avec le
boucan. C' est vrai : une Winchester 73
fait presque autant de bruit qu' une 
Triumph 650 ! Mais le  bruit, le bruit
dure beaucoup moins longtemps ! 
Tiens, les habitants de la vieille ville 
se sont rendormis !! Ils ronflent
maintenant. Très fort.
Trop fort.


dimanche 3 avril 2022

A l' intérieur du cercle.

J' étais là-bas, dans le cercle magnétique.
Aucun son ne transperçait l' oreille géante
ni le sable raide ou dorment les insectes,
aucune main ne heurtait la vitrine des
cascades. Les clochers martelaient les
parquets sans mémoire, mais aucun bruit,
aucune nudité dans le ciel.

Je frappais les fenêtres avec le sang parfumé
des sécateurs, une ronde de fleurs ouvertes 
paradait sur mes mâchoires. 

Ce n' est pas le Monde qui nous regardait passer, 
c' est nous qui regardions passer le Monde.
La vérité nous avait surpris alors que 
nous riions à travers la cîme des arbres.
Je frappais avec un journal les minutes métalliques 
qui précédent la nuit, je frappais encore et encore, 
en poussant de l' eau morte dans mes grognements.

A l' extérieur des compas, des battements de paupières 
s' envolaient en tous sens. Une forêt 
de dés géante avait envahi notre odeur 
de fruits rouges et de pétrole exténué.

 

lundi 28 mars 2022

La mer et le nuage.

Je me suis assis devant la mer
et elle a vu que je pleurais.
Sans me demander pourquoi,
pour me consoler, elle a commencé
à me raconter d’étranges histoires.
Il était question de colombes, de
gorgones et de saltimbanques
accrochés par les épaules à des 
ciseaux en fer blanc. Le monde
d’alors était à l’envers, ou à l’endroit
de ce qu’il en restait, et aucune
issue n’était visible. 

Les heures ont passé ainsi, à écouter
la mer. Maintenant je riais et
je pleurais. Le ciel était bleu et sec,
comme un vieillard de papier auquel 
on aurait coupé la langue. Les histoires 
étaient terrifiantes et belles, mes larmes
brûlantes et mes éclats de rire
ceux d’un forcené. Pour finir, je me
suis couché sur le sable, je l’ai bu,
mangé, et la mer a continué à 
raconter ses histoires démentes 
jusqu’à l’aube, jusqu’au moment
où j’ai retrouvé mes esprits.

Je me suis alors levé et suis allé
pleurer plus loin, parce qu’elle n’était
toujours pas là, à mes côtés, ma Reine.
C' était plus loin, dans une clairière
entourée de saules et de grands
chênes  primevère. Au bout d' un
moment, malgré mes sanglots, un 
bruit a réussi à attirer mon attention. 
Cela ressemblait à des ... quelque chose 
comme d' autres sanglots. Et je
l' ai vu. Il s' agissait d' un petit nuage.
Il pleurait et, inexplicablement, ses
pleurs m' ont transpercé le coeur.
Alors, je me suis approché et, sans
lui demander pourquoi, pour le
consoler, j' ai commencé à lui
raconter d' étranges histoires ...

vendredi 18 mars 2022

La taille elle.

L' aube elle
et sa bouche 
qui prononce
lentement 
le mot amour
aux quatre
coins de
la mienne

La tendre elle
sur le canapé
ses bras de
laine chaude 
et de lampe
c' est sa lumière
qui rompt
sa robe 

La taille elle
de sa silencieuse
si tranquille 
beauté et la
seule porte
s'ouvre devant
pantelante la
nuit suivante

jeudi 17 mars 2022

Courant d' air.

J' écris tracé brisant
de la Lune de pierre,
le squelette de l' obscurité
et l' obscurité qui fond

le flanc de la moisson
se vend par poignées d'
              ombrelles,
le ciel entre les dents et
le pourtour des oreilles

si j' existe c' est pour cette
lumière de papillon sourd,
qui bat, bat en volant au
milieu de la tempête gauchère.



Tunnel de la bête.

Et si nous n' étions aveugles,
nous verrions les formes dans l' eau
se déplacer et avancer vers nous,
dans le silence vert des métaphores. 

Je vois des gens qui battent les tapis
pour essayer d' attraper la poussière,
l' infiltrer dans l'orage crocodile et
les estomacs des chenilles de velours 
                                     brun lustré.

Dans la cascade qui se brise dans
le grain de la moire brutale, les
poings serrés comme des enfants,
la lente procédure antinomique.

Qu' attendent-ils, gelés, pétrifiés
au coeur de leur poumon cathédrale,
ce coeur pomme rogné des artères
par les dentitions et le sang des fidèles. 

Transforme, transforme la soie
en long étal de viande mâchée,
la maison du train désigne cette allure
de tunnels et d' asphyxie maxillaire. 


La saule.

Nous sommes le 17 mars
17 marches
et des arcs en ciel 
perdus dans l' eau
et la vodka

A pied et les miroirs
qui tracent
des ardoises
de l' aube elle
se concentre ici

Petite flamme,
la honte des nues,
dans les rues
les poubelles
se noient en calypso
                      maître

Quelle était déjà
cette vieille prière,
toute flétrie, racornie
comme une peau de
tambour mandarin ?




vendredi 4 mars 2022

Cheval de cuir.

C' est mon cuir, mon
cuir de vieux cheval. 
C' est lui que je porte sur 
les épaules, quand
il faif froid, quand il 
fait con. C' est ma peau,
ma peau de vieux cheval, 
cheval de cuir noir. 

lundi 28 février 2022

Les statues ralenties.

Les chiens courent après
les ombres brûlantes des
jardins. 
Des géants se sont face, 
la tête perdue dans l' obscurité.

Les hordes d' enfants creusent,
non loin de la frontière, 
les hordes d' enfants hurlent
autour des villes assiégées, 
les hordes d' enfants soufflent
des avalanches sur les toits.
La terre tremble - du sang frais
épaissit la gorge des rossignols.

Hier, le soleil a plongé
dans nos yeux immobiles
des mains blanches comme
des épaulards.
Ce qu' il en a retiré, il l' a
dispersé entre les anges 
aux cuirasses noires qui
montent la garde et les ogres
qui attendent leur pitance 
en trépignant.
Aujourd' hui, c' est la douleur
qui frottera ses paumes 
contre le vent - pour en chasser
les poissons éventrés. 
 
Comme des statues ralenties,
nous admirons les machines
et le temps qui brûle ses orphéons
d' or, en silence.

jeudi 10 février 2022

Retrouver Lorca - Une suite.

Rien. Il n'y a rien de 
sérieux dans la poésie.
En tout cas, pas plus
que dans le rock n' roll.
Retrouver Lorca.
Et dans les sciences
économiques, qu' est-ce
qu' il y a de sérieux dans
les sciences économiques ?
Rien, évidemment.
Retrouver Lorca,
tout le reste n' a
aucune importance.
Il me faudrait,
pour m' expliquer,
tenter d' expliquer
toute ma vie - et
il est bien tard pour cela.
La poésie tient, dans
sa main, tout
le temps du monde.
Moi je n' ai que
mes mains à
proposer à la poésie,
des mains sales,
pleines de rues et de
visages oublies,
sales comme
des peignes, comme
de la couenne.
Lorca lui savait
comment la rose
du temps brûle
au fanal des côtes
silencieuses et
taillade de ses ongles
cancéreux les bourgeons
suaves de la lèpre.
Et, après le temps,
de quelle manière
la poésie s' échoue
en murmurant
contre le visage
des vierges
gitanes.
Retrouver Lorca,
pour ne pas perdre
le temps des mains,
ni celui des roses
heurtées avec indolence
aux lèvres
des morts.

vendredi 4 février 2022

Mes ombres de Janvier.

A mes belles ombres de Janvier,
longtemps je vous ai cru défaites, 
je vous croyais vaincues. 
Mes belles ombres blessées, 
vaincues comme des éléphants morts,
défaites comme les fleurs du sort.

Je me trompais, ombres 
de mes ombres, vous avez dansé
comme des colombes, vous 
avez aimé comme des lampions, 
ri comme des musiques et bu 
comme des amants, vous
n' étiez pas des ombres.

C' est moi qui voulais vous 
transformer en ombres.
Peut-être avais-je besoin de tristesse,
peut-être avais-je besoin de désespérance,
peut-être avais-je besoin d' ombre
oú me cacher.



dimanche 9 janvier 2022

Les heures perdues.

Attendons, 
attendons que les aiguilles 
recommencent à tourner dans le sens
des montres.
S' il pleut cette nuit, le soleil se
mouillera de chaud et de brumes,
le triste bestiaire des oiseaux 
se coulera tout entier dans 
une de mes poches.

Les enfants nous offrent des
calendriers. Avec un couteau de 
Lune on peut découper des horloges
en tranches fines, si fines que
la nuit s' y perd, translucide et
marionnette, poupée russe et
barbapapa. 

Attendons,
attendons que l' attente finisse, 
en douceur, à la façon 
d'une longue soirée  à l' Opéra.
Nous aurons visité des pays
peuplés de rhinocéros
arc en ciel, de cantatrices 
démentes et de loups isotopes, 
et n' aurons rien gardé
en mémoire.

Il suffit d' attendre le matin
pour que les cadrans se souviennent
de ces quelques heures abandonnées.

vendredi 7 janvier 2022

Dans les rues de Paris.

Il y a cette maladie qui court
dans les rues de Paris. Sur les 
boulevards, les courants d' air 
arrachent des tourbillons d' étoffe 
aux passantes. Je suis le vent
qui peigne leurs cheveux.

Elles se retournent en riant
sur les événements de la journée,
les passantes mâchent des olives,
du papier et des lucioles crues,

Je n' ai jamais appris à lire. 
Si j' avais su lire j' aurais cherché 
dans les livres de quoi augmenter 
ma soif, de quoi me sauver de la
routine des petits déjeuners.

Mais je n' ai pas appris, j' ai
appris à courir, à osciller et
à me relever quand je tombe. 
Les murmures s' exhibent comme
des chiens. Je suis un chien de vent 
et de soupirs dans les rues de Paris.